Nous relayons la note de Mme Isabelle Peyré qui nous livre quelques commentaires sur la conférence organisée par le SIAHVY à Saint-Rémy-lès-Chevreuse le 27 mai, sur le thème " L'Yvette face aux changements climatiques ".
Gif-sur-Yvette, le 30 mai 2025
Bonjour,
J'ai assisté le 27 mai 2025 à la conférence organisée par le SIAHVY à Saint-Rémy-lès-Chevreuse : voir ici
Je souhaite prolonger le fil de cette soirée en livrant quelques commentaires et j'appelle ainsi, à laisser ouvert le sujet de la gestion de l'eau dans le bassin versant de l'Yvette.
Un sujet urgent pour les citoyens: actualiser le PPRi
Monsieur Nicolas Ventre, sous-préfet de Rambouillet, nous rappelle que le PPRi est un outil réglementaire de limitation de l’urbanisation à partir du risque inondation. Il permet de limiter les possibilités d'extension des constructions, en allant jusqu'à interdire totalement l'urbanisation.
Il précise que le PPRi relatif à l'aval de l'Yvette date de 2006. Le PPRi amont est en cours d'élaboration.
A l'issue de la première table ronde, la première question du public interpelle les maires sur les modifications à apporter au PLU pour agir sur les inondations.
Un autre citoyen reprend ce sujet: "Qu'attend-on pour mettre à jour le PPRi pour qu'il tienne compte de la réalité climatique d'aujourd'hui?"
Suite à la deuxième table ronde, la première question porte à nouveau sur le PPRi: "Pourquoi pas de PPRi (qui s'impose au PLU) dans les Yvelines?" La deuxième intervention reste dans le même champ de préoccupations: « Doit-on construire en zone inondable (et ayant été déjà inondée) en référence aux constructions programmées dans le centre-ville de Saint-Rémy-lès-Chevreuse ? »
Monsieur le sous-préfet apporte à ces questions deux réponses:
- l'élaboration d'un PPRi est longue: études hydrauliques, cartographie/ règlement, enquête publique puis adoption. Durée: 3 à 5 ans.
- Il existe néanmoins une solution avant cette adoption définitive: " le porter à connaissance" au titre de l'urbanisme.
Il s'agit de porter à la connaissance des élus les résultats des études hydrauliques, ce qui permet aux maires de s'appuyer sur ces documents officiellement pour pouvoir refuser un permis de construire.
Cette piste nous permet donc de ne pas nous lamenter sur " la France de Kafka" mais une autre question s'impose :
En absence de PPRi, doit-on construire?
En l'absence de document validé, les élus peuvent délivrer des permis de construire en zone ayant déjà été inondée. C'est ce qu’a fait la commune de Saint-Rémy-lès-Chevreuse avec une première tranche d'immeubles d'habitations construits à la confluence de 3 rivières.
Ces constructions ont été inondées lors des épisodes de crues d'octobre 2024. La deuxième tranche fait l'objet d'un recours juridique.
Doit-on attendre le législateur ou les juridictions pour éviter des décisions absurdes?
Les données climatiques présentées par Madame Masson Delmotte sont claires.
L'augmentation en intensité et en fréquence des inondations laisse imaginer les tourments à répétition des habitants vivant dans ces zones vulnérables.
La question se pose également à propos du risque ruissellement (compétence PNR et non SIAVHY).
C'est Madame Masson Demotte qui la formule clairement en interpellant tous les élus du territoire du SIAHVY : "Souhaitez-vous attendre que cela devienne obligatoire, lorsque la trajectoire de référence sur l'adaptation aux changements climatiques sera ensuite opposable dans le cadre du code l'environnement" (ou prendrez-vous des mesures dès à présent)?
Selon moi, un élu responsable doit, et de manière urgente, intégrer dans sa politique d'urbanisme les données actuelles de la recherche scientifique sur le climat.
Et l'argument des quota de logements SDRIF n'est pas recevable…
Rien ne peut justifier la mise en danger des personnes.
Rien ne peut justifier une politique d’aménagement du territoire déconnectée des crises climatique et écologique.
Les politiques publiques communales et la démocratie participative en question
Dans son discours d'introduction, Monsieur Barret invite à « sensibiliser les citoyens »…
Je rencontre de nombreux citoyens très au fait des questions environnementales et de l’adaptation aux inondations en particulier.
Discutez en particulier avec les habitants des zones inondables ayant assisté avec angoisse à la montée des eaux dans leur maison en octobre dernier ! Ceux avec qui j'ai échangé ont une très bonne connaissance du sujet et ils n'ont attendu ni le SIAHVY ni Monsieur Daniel Lacombe pour faire passer à l'étage leur réfrigérateur.
Si la sensibilisation des citoyens est importante, celle des élus l'est d’autant plus qu’ils ont la responsabilité des politiques publiques d'aménagement du territoire et d'adaptation aux changements climatiques.
Je n'attends pas des élus qu'ils cadrent leur discours sur le degré d'anxiété climatique des citoyens. J’attends des élus qu'ils regardent en face les réalités et qu'ils mettent en place des politiques à la hauteur de celles-ci.
Et je rejoins Monsieur Barret qui soulignait dans son introduction: "Les inondations révèlent non seulement une faille dans notre urbanisme mais aussi l'urgence d'une adaptation climatique ambitieuse".
Enfin, un habitant de Saint-Rémy-lès-Chevreuse faisait remarquer qu'une piste cyclable avait été construite en zone inondable, cette décision ayant été prise sans concertation préalable.
Une ville ne doit pas être pensée seulement en bureau municipal.
Un tel projet aurait dû associer les citoyens et des personnes compétentes sur les questions des mobilités et de l'adaptation des territoires à l'urgence climatique.
Et sur la nécessité de faire vivre la démocratie participative, j'attends des réunions publiques qui permettent à la parole citoyenne de s’exprimer. Les soirées conférence très verticales ne suffisent pas…
Merci à toutes et tous de poursuivre le débat !
Cordialement,
Isabelle Peyré
Mobilisation Citoyenne et Transition Ecologique
mobicitoyenne.te@gmail.com