J'avais lu un document au terme duquel l'auteur laissait entendre que le jeune marquis avait en quelque sorte "fui la France" à la suite de quelques actions discutables. En fait, je ne retrouve pas le document en question et je n'ai pas retenu le nom de l'auteur.
Après relecture de l'ouvrage de A E Zucker, je pense qu'il y a peut-être confusion entre un dérapage du très jeune ( 19 ans ) La Fayette pendant qu'il est en garnison à Metz au régiment de Noailles - peut-être une dette de jeu non honorée- et le fait que l'engagement du dit à se battre contre les Anglais est en contradiction avec l'engagement du roi de France envers les Anglais de rester neutre dans ce conflit.
Zucker évoque ce dérapage sans donner la moindre précision sur sa nature. Dans le même temps, il relate la confusion de la situation;
- l'engagement ferme de Louis XVI auprès des Anglais de ne pas prendre parti dans la guerre entre les colonies anglaises d'Amérique et Londres.
- la position du beau-père de La Fayette, qui agit comme son tuteur et entend faire respecter par son gendre et obligé la volonté du Roi.
- les manœuvres de Broglie qui soutient une politique interventionniste aux Amériques et incite à l'opération conjointe Kalb/ La Fayette, en contradiction apparente avec les instructions du monarque dont il est un ministre.
- l'enthousiasme de La Fayette et de Kalb pour l'aventure américaine, qui fait planer sur le jeune marquis une menace d'incarcération par lettre de cachet ( d'où le départ retardé avec embarquement au Portugal).
C'est l'opposition traditionnelle entre la haute politique et, on peut le penser, la manipulation machiavélique de deux personnages par le roi et son entourage pour soutenir les insurgés américains tout en excipant de sa bonne foi ( Moi Louis XVI, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour les retenir, mais je ne peux rien contre l'audace de ces jeunes gens)
Peut-être mon analyse est elle un peu audacieuse aussi mais je sens comme un flou dans l'attitude ambigüe du duc d'Ayen, beau-père de LF, qui agit comme son tuteur, et qui est en même temps un proche de Louis XVI; très soucieux de faire respecter la politique de son souverain, mais qui affiche son refus de laisser partir son gendre aux colonies et se laisse pourtant prendre la main par lui.